MAURICE BLANCHOT, DE PROCHE EN PROCHE

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Nous supposons que la mort existe, elle est, et nous serons morts si la mort est présente pour nous. Ce présent, où nous supposons que nous mourons, peut être nommé le temps de la mort, ou par l’expression de Blanchot, « le temps mort ». Blanchot écrit : « le temps mort est un temps réel où la mort est présente, arrive… ». Blanchot ajoute cependant : ce présent de la mort « arrive, mais ne cesse pas d’arriver », comme si ce présent ne pouvait pas se présenter par sa présentation, comme si elle, en arrivant, ne pouvait pas arriver.
« Mourir sans mort » Blanchot et Bataille sur la mort

Nous supposons que la mort existe, elle est, et nous serons morts si la mort est présente pour nous. Ce présent, où nous supposons que nous mourons, peut être nommé le temps de la mort, ou par l’expression de Blanchot, « le temps mort ». Blanchot écrit : « le temps mort est un temps réel où la mort est présente, arrive… ». Blanchot ajoute cependant : ce présent de la mort « arrive, mais ne cesse pas d’arriver », comme si ce présent ne pouvait pas se présenter par sa présentation, comme si elle, en arrivant, ne pouvait pas arriver. Ici Blanchot conteste notre concept sur la mort, sur une mort présente, une morte qui existe et peut être présente. Blanchot continue : « Le présent mort est l’impossibilité de réaliser une présence…. »

C’est-à-dire, le présent de la mort est un « présent mort », le présent de la mort est la mort de la présence aussi. Dans la mort, par la mort, nous ne pouvons pas réaliser un présent. Ou la mort est aussi la mort du présent. Mais cette impossibilité ou cette mort de la présence n’est rien, elle est une « impossibilité qui est présente » – comme Blanchot continue. Mais comment ? Telle que sans présent cette impossibilité ne peut jamais être réalisée ou achevée. L’impossibilité de la mort présent arrive, mais « ne cesse pas d’arriver ». L’impossibilité de la mort présente est aussi l’impossibilité de la mort même. À cause du « présent mort », de la mort de la présence, la mort même n’est pas présente, c’est-à-dire la mort est la mort de la mort aussi. Ou « le présent ne meurt pas » ; ce qui meurt, ce n’est pas présent. La mort est per definitionem la mort de la présence. Et ainsi c’est la mort de la mort qui arrive dans le présent. Blanchot l’écrit : « ’…il est interdit de mourir au présent’ – ‘Ce qui veut dire aussi bien : le présent ne meurt pas, et il n’y a pas de présent pour mourir.’ » (PD 147-148.) Blanchot souligne toujours :

« il n’y a pas de présent pour mourir », « mourir est sans présent ». Cela veut dire que la mort ou le mourir est « irreprésentable ». Irreprésentable pour nous, et pour la mort même. Mais cette irreprésentabilité est présente comme la mort ou le mourir de la représentation. Dans les écritures de Blanchot la mort – ou le mourir – est caractérisée par un paradoxe : le paradoxe de la destruction. Ce qui détruit sa présupposition aussi, la présence de la destruction. Ce paradoxe est le sujet commun de Blanchot et de Bataille. « ‘Tu meurs et pourtant ne meurs pas et pourtant : ainsi te parle, dans un temps sans présent, le mourir qui diffère.’ » (PD 147) Cette paradoxe est la différentiation de et dans la mort.

by Zoltan Popovics